David Alan Harvey 1. La conscience sensible Dans son sens le plus simple, le mot "conscience" dĂ©signe l'action de l'esprit par laquelle nous saisissons la prĂ©sence de ce qui est ici et maintenant, par laquelle nous "avons conscience" qu'il y a quelque chose. La conscience est ici synonyme de perception. âą Dans La phĂ©nomĂ©nologie de l'esprit, Hegel XIX° siĂšcle dĂ©finit la conscience sensible ou dĂ©sir comme la relation primordiale de tout organisme vivant Ă son milieu. [Nous verrons plus loin que cette cette dĂ©finition s'enracine dans la dĂ©finition donnĂ©e par Leibniz XVII° siĂšcle de la perception. ] ⊠La perception La question de la perception est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©e dans le cadre de la philosophie de la connaissance. La perception dĂ©finit la relation entre un sujet et un objet. La question que se pose la philosophie, est de ce savoir qu'est-ce qui nous est "donnĂ©" dans la perception ? S'agit-il d'un simple d'un signal produit par mon systĂšme nerveux en rĂ©action Ă un stimulus ou la perception nous permet-elle d'accĂ©der Ă l'existence rĂ©elle des objets ? â Lorsque je perçois un arbre que se passe-t-il ? âą Percevoir vient du latin percipere, "prendre ensemble", "rĂ©colter". Lorsque je perçois un arbre, je rassemble une sĂ©rie d'impressions ou de sensations - je vois une forme, je pressens la rugositĂ© du tronc, je sens l'odeur des feuilles.... - impressions que j'organise dans un tout dĂ©signĂ© par le mot "arbre". âą La sensation dĂ©signe le phĂ©nomĂšne psychique accompagnant une affection corporelle reçue par un ou plusieurs organe des sens, elle est ce qui rĂ©sulte de l'usage d'un sens externe ou interne. La perception ne se rĂ©duit pas Ă la simple sensation. Elle produit un jugement immĂ©diat qui mĂȘle le rĂ©el et la reprĂ©sentation que j'en ai. La perception est toujours au-delĂ de la sensation. Texte Percevoir c'est juger " Revenons Ă ce dĂ©. Je reconnais six taches noires sur une des faces. On ne fera pas de difficultĂ© d'admettre que c'est lĂ une opĂ©ration d'entendementÂč dont les sens fournissent seulement la matiĂšre. Il est clair que, parcourant ces taches noires, et retenant l'ordre et la place de chacune, je forme enfin, et non sans peine au commencement l'idĂ©e qu'elle sont six, c'est-Ă -dire deux fois trois qui font cinq et un. Apercevez vous la ressemblance entre cette action de compter et cette autre opĂ©ration par laquelle je reconnais que des apparences successives, pour la main et pour l'oeil me font connaĂźtre un cube ? Par oĂč il apparaĂźtrait que la perception est dĂ©jĂ une fonction de l'entendement, et que pour revenir Ă mon paysage, que l'esprit le plus raisonnable y met de lui-mĂȘme bien plus qu'il ne croit. Alain, La passion et la Sagesse, 1960 Âč entendement facultĂ© de comprendre par l'intelligence, pouvoir de connaĂźtre non sensible, opĂ©rant par concept. â Tout le problĂšme est de savoir si ce jugement rĂ©sulte d'une facultĂ© intellectuelle de l'esprit appliquĂ©e Ă un ordre sensible purement organique et matĂ©riel, ou si au contraire, ce jugement est impliquĂ© dans la sensation Ă tel point qu'on pourrait dire que "les sens jugent" d'eux-mĂȘmes ce qui se donnent Ă percevoir. -a Platon, Descartes la perception est un mĂ©lange de sensation et de jugement qui nous Ă©loigne de la vĂ©ritĂ© Platon et Descartes considĂšrent la perception dans son rapport Ă la vĂ©ritĂ©. Ils se demandent si la perception peut fonder une qualitĂ©s sont variablesdes objets qui soit fiable. Descartes prend l'exemple d'un bĂąton plongĂ© dans l'eau. Lorsque nous le regardons nous avons l'impression qu'il est brisĂ© alors que nous savons qu'il n'en est rien. La perception ne nous permet donc pas d'accĂ©der Ă une connaissance de la rĂ©alitĂ©. Elle ne nous donne que ce qui apparaĂźt. Or ce qui apparaĂźt n'est pas nĂ©cessairement ce qui est. Pour accĂ©der Ă la vĂ©ritĂ©, il convient donc de rechercher au-delĂ des apparences sensibles, dans un domaine mĂ©ta-physique, la rĂ©alitĂ© vĂ©ritable des objets de la connaissance. voir le cours sur l'AllĂ©gorie de la caverne de Platon. Texte Descartes Le morceau de cire ConsidĂ©rant un objet matĂ©riel apparemment facile Ă connaĂźtre un morceau de cire, Descartes montre que les corps matĂ©riels sont connus par l'intermĂ©diaire de l'esprit et non de la sensibilitĂ©. Commençons par la considĂ©ration des choses les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus distinctement, Ă savoir les corps que nous touchons et que nous voyons. ... [ConsidĂ©rons notre connaissance des choses sensibles]. Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d'ĂȘtre tirĂ© de la ruche il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a Ă©tĂ© recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur, sont apparentes ; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son. Enfin toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaĂźtre un corps, se rencontrent en celui-ci. [Prenons par exemple un morceau de cire. Il possĂšde des qualitĂ©s distinctes] Mais voici que, cependant , sa couleur change que je parle, on l'approche du feu ce qui y restait de sa saveur s'exhale, l'odeur s'Ă©vanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'Ă©chauffe, Ă peine le peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra aucun son. [Ces qualitĂ©s sont variables] La mĂȘme cire demeure-telle aprĂšs ce changement ? Il faut avouer qu'elle demeure, et personne ne peut le nier. Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut ĂȘtre rien de tout ce que j'y ai remarquĂ© par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goĂ»t, l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement, ou l'ouĂŻe, se trouvent changĂ©es, et cependant la mĂȘme cire demeure. [Quelque chose demeure mais qui ne tombe pas sous les sens] [et qui ne peut pas plus ĂȘtre imaginĂ©] Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce ce que je pense maintenant, Ă savoir que la cire n'Ă©tait pas cette douceur du miel, ni cette agrĂ©able odeur de fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni ce sont, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenant se fait remarquer sous d'autres. Mais qu'est-ce, prĂ©cisĂ©ment parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cette sorte ? ConsidĂ©rons le attentivement, et Ă©loignant toutes les choses qui n'appartiennent point Ă la cire, voyons ce qui reste. Certes il ne demeure rien que quelque chose d'Ă©tendu, de flexible et de muable. Or qu'est-ce que cela flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que que cette cire Ă©tant ronde est capable de devenir carrĂ©e, et de passer du carrĂ© en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela puisque je la conçois comme Ă©tant capable de recevoir une infinitĂ© de semblables changements, et je ne saurais nĂ©anmoins parcourir cette infinitĂ© par mon imagination, et par consĂ©quent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit pas par la facultĂ© que j'ai d'imaginerÂč. Qu'est-ce que maintenant cette extension? N'est-elle pas aussi inconnue puisque dans la cire qui se fond elle augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entiĂšrement fondue, et beaucoup plus encore quand la chaleur augmente davantage ; et je ne concevrais pas clairement et selon la vĂ©ritĂ© ce qu'est la cire, si je ne pensais qu'elle est capable de recevoir plus de variĂ©tĂ©s selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginĂ©. Il faut donc que je tombe d'accord, que je ne saurais pas mĂȘme concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'il n'y a que mon entendement seul qui le conçoive. [C'est par l'entendement seul que nous connaissons la nature des choses.] Descartes, MĂ©ditations MĂ©taphysiques, seconde mĂ©ditation Âč pour Descartes, la facultĂ© d'imaginer ou l'imagination, est l facultĂ© de se reprĂ©senter les choses de maniĂšre sensible. -b Leibniz la perception est un rapport sensible au monde Leibniz critique la conception dualiste de l'ĂȘtre hĂ©ritĂ©e de Descartes dualiste qui se fonde sur la distinction entre deux sortes d'ĂȘtre ou de substance, la substance pensante ou spirituelle et la substance Ă©tendue ou matĂ©rielle. Avant d'ĂȘtre un mode de connaissance des choses, la perception est l'activitĂ© vitale de tout organisme en contact avec son "milieu". La perception exprime un rapport sensible qui se forme au contact du monde percevoir et avoir un corps, c'est un tout. Au lieu de se poser la question de l'adĂ©quation de la perception Ă son objet, Leibniz s'intĂ©resse Ă la formation de la perception et des idĂ©es. Il dĂ©crit le phĂ©nomĂšne de transition continue de l'impression sensible Ă l'aperception, c'est-Ă -dire Ă la perception accompagnĂ©e de conscience. La perception se dĂ©finit comme "l'Ă©tat passager qui enveloppe et reprĂ©sente une multitude dans l'unitĂ©". Autrement dit, la perception est ce moment limite oĂč une infinitĂ© d'impressions insensibles- ce que Leibniz appelle les petites perceptions inconscientes - tendent d'elles-mĂȘmes Ă se regrouper et passent dans le champ du perçu. Texte Leibniz Les petites perceptions Leibniz est un des premiers penseurs Ă explorer les mĂ©canismes de l'inconscient. Contrairement Ă ce que pensait Descartes, la conscience claire ne constitue pas la totalitĂ© du psychisme. Pour Leibniz, il existe des petites perceptions dont nous n'avons pas conscience. L'esprit est perpĂ©tuellement soumis Ă des sollicitations imperceptibles qui nous tiennent en haleine. Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple du mugissement ou du bruit de la mer, dont on est frappĂ© quand on est au rivage; pour entendre ce bruit, comme l'on fait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-Ă -dire le bruit de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaĂźtre que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-Ă -dire dans ce mugissement mĂȘme, et ne se remarquerait pas, si cette vague qui le fait Ă©tait seule. car il faut qu'on soit affectĂ© un peu par le mouvement de cette vague, et qu'on ait quelque perception de chacun de ces bruits, quelques petits qu'ils soient ; autrement, on n'aurait pas celle de cent mille vagues, puisque cent mille riens ne sauraient faire quelque chose. ... Ces petites perceptions sont donc de plus grande efficace par leurs suites qu'on ne pense. Ce sont elles qui forment ce je ne sais quoi, ces goĂ»ts, ces images des qualitĂ©s des sens, claires dans l'assemblage mais confuses dans les parties, ces impressions que des corps environnants font sur nous, qui enveloppent l'infini ; cette liaison que chaque ĂȘtre a avec tout le reste de l'univers. Explication du texte Pour Leibniz, la perception est la reprĂ©sentation du multiple dans l'unitĂ©. Descartes avait conceptualisĂ© la perception distincte aperçue par la conscience l'aperception. Pour lui la perception distincte ou pensĂ©e constituait l'ensemble de l'activitĂ© du psychisme. Leibniz distingue par ailleurs des perceptions "les petites perceptions" insensibles dont on ne s'aperçoit pas. Ainsi de mĂȘme que le bruit de la mer est l'accumulation des petits bruits des vagues, les petites perceptions inconscientes concourent Ă la perception de l'ensemble et nous relient Ă l'ensemble de l'univers. En effet pour Leibniz toutes les choses communiquent dans l'univers. L'homme vit dans un monde oĂč "rien n'est comme une Ăźle dans la mer"critique du dualisme cartĂ©sien. Nous communiquons obscurĂ©ment avec le reste des choses, sans en avoir une claire conscience. -c La phĂ©nomĂ©nologie de la perception Husserl, Merleau-Ponty, XX° siĂšcle Leibniz ouvre la voie Ă une rĂ©flexion sur la formation du sujet sensible. Comme le montrent les philosophes sensualistes Condillac et empiristes Hume du XVIII° siĂšcle, on peut affirmer que "les sens jugent d'eux-mĂȘmes". La perception n'est pas extĂ©rieur Ă son objet mais elle est continuitĂ©, contact sensible, avec le monde. Texte Merleau-Ponty Le corps propre Le corps propre est dans le monde comme le coeur dans l'organisme il maintient continuellement en vie le spectacle visible, il l'anime et le nourrit intĂ©rieurement, il forme avec lui un systĂšme. Quand je me promĂšne dans mon appartement, les diffĂ©rents aspects sous lesquels il s'offre Ă moi, ne s'auraient m'apparaĂźtre comme les profils d'une mĂȘme chose si je ne savais pas que chacun d'entre eux reprĂ©sente l'appartement vu d'ici ou vu de lĂ , si je n'avais conscience de mon propre mouvement, et de mon corps comme identique Ă travers les phases du mouvement. Je peux Ă©videmment survoler en pensĂ©e l'appartement, l'imaginer ou en dessiner le plan sur le papier, mais mĂȘme alors je ne saurais saisir l'unitĂ© de l'objet sans la mĂ©diation de l'expĂ©rience corporelle, car ce que j'appelle un plan n'est qu'une perspective plus ample c'est l'appartement "vu d'en haut", et si je peux rĂ©sumer en lui toutes les perspectives coutumiĂšres, c'est Ă condition de savoir qu'un mĂȘme sujet incarnĂ© peut voir tour Ă tour de diffĂ©rentes positions. M. Merleau-Ponty, PhĂ©nomĂ©nologie de la perception, 1945 Explication du texte Dans ce texte, Merleau-Ponty dĂ©finit "le corps propre". Ici il ne s'agit pas du corps-objet, assemblage d'organes Ă©tudiĂ©s par le mĂ©decin ou le physiologiste. Le corps-propre est un corps en quelque sorte "existentiel". C'est le le lieu du vĂ©cu du sujet. Dans le premier paragraphe ce qui caractĂ©rise le corps propre, c'est qu'il forme un tout avec les choses. Il est en continuitĂ© spatiale et temporelle avec le monde. Il forme avec lui un ensemble organisĂ©, un "systĂšme". Il ne peut y avoir de monde que parce qu'il y a dans le monde un sujet dotĂ© d'un corps capable de faire l'expĂ©rience sensible du monde. L'exemple de l'appartement des deuxiĂšme et troisiĂšme paragraphes dĂ©veloppe cette idĂ©e. Le vĂ©cu du corps propre " la conscience de mon propre mouvement et de mon corps comme identique Ă travers les phases du mouvement" conditionne l'unitĂ© de l'objet. Sans la mĂ©diation du corps propre, les diffĂ©rentes perspectives ou aspects sous lesquels mon appartement s'offre Ă moi, ne pourraient constituer un seul objet mon appartement. A chaque perspective correspondrait alors un objet diffĂ©rent, un appartement diffĂ©rent. Ici ce principe unificateur n'est pas un principe intellectuel comme par exemple chez Descartes ou mĂȘme chez Kant, oĂč le Je est une fonction abstraite de l'entendement. En effet, chez M. Merleau-Ponty il n'y a pas de dualisme entre l'esprit et la matiĂšre. L'esprit et le corps ne font qu'un. Il ne peut y avoir d'objet de la pensĂ©e que parce qu'il y a une expĂ©rience sensible et conscience de cet objet. Kant avait dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ© l'idĂ©e qu'il ne pouvait y avoir de connaissance du monde que parce qu'il y avait au prĂ©alable une expĂ©rience sensible du monde. Mais il affirmait ensuite la prééminence de la pensĂ©e rationnelle sur la matiĂšre. Maurice Merleau-Ponty pousse cette idĂ©e Ă son extrĂȘme limite sans affirmer aucun privilĂšge de la pensĂ©e sur le corps. Le sujet pensant "s'incarne" dans un corps concret dont l'existence sensible dans le monde conditionne l'apparition de toute expĂ©rience et de toute pensĂ©e. L'homme pense le monde parce qu'il le vit dans son corps. mots clĂ©s conscience, conscience sensible, sensation, perception, aperception, petites perceptions corps-propre
Sinotre conscience nous dit de ne pas faire quelque chose, alors ne le faisons pas. Et si la chose nâest pas mauvaise en elle- mĂȘme, nous devrions avant de la faire chercher Ă en instruire notre conscience en assimilant dâautres vĂ©ritĂ©s bibliques.
La fiche s'articule autour de la question "suis-je vraiment ce que je crois ĂȘtre?". La question de la perception de soi est liĂ©e Ă celle de la conscience. Qui suis-je ? » reprĂ©sente en cela lâinterrogation primale de la philosophie. Ici, on part du prĂ©supposĂ© indiquant que lâon a obligatoirement conscience dâĂȘtre quelquâun. La question est de savoir si notre perception de nous-mĂȘme est exacte, ou si nous ne sommes pas les mieux placĂ©s pour nous observer. Certes, la phĂ©nomĂ©nologie a enseignĂ© que toute conscience est conscience de quelque chose, et nous ne saurions oublier que ce que nous voyons, en regardant dans un miroir, câest bien un reflet et non directement nous-mĂȘme. Le sujet, ici, traite de la conscience de soi, et de son exactitude. Or, cela implique de revenir Ă cette fameuse question primale, lĂ©gĂšrement prolongĂ©e qui suis-je, qui crois-je ĂȘtre ? S'agissant d'une trĂšs large question, nous n'indiquerons ici que des pistes sommaires de rĂ©flexion. Je suis un ĂȘtre pensant a La conscience spontanĂ©e de soi Descartes explique "lorsque je m'appliquais Ă la considĂ©ration de mon ĂȘtre, je me considĂ©rais premiĂšrement comme ayant un visage, des mains, des bras et toute cette machine composĂ©e d'os et de chair telle qu'elle paraĂźt en un cadavre, laquelle je dĂ©signais par le nom de corps". Câest la conscience spontanĂ©e de soi. b Descartes et le cogito sum Descartes, en faisant table rase, et en dĂ©duisant, Ă partir de rien, quâil pense et donc quâil existe, rĂ©vĂšle que lâexistence de soi est une rĂ©alitĂ© câest le fameux cogito sum. Savoir que lâon est un ĂȘtre pensant est un postulat, une certitude. Je suis ainsi certain dâexister en tant quâĂȘtre pensant. Cela, toutefois, nâapporte pas de rĂ©ponse sur la personnalitĂ©, mais simplement sur le fait mĂȘme de lâexistence. Lâillusion de la conscience de soi a Spinoza, lui, en se fondant sur son idĂ©e dâun dĂ©terminisme universel, montre que ce dont j'ai conscience, câest ce que je veux, dĂ©sire et fais, mais non les causes qui expliquent ce que je veux, dĂ©sire et fais. Les hommes sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par oĂč ils sont dĂ©terminĂ©s. Ils sâimaginent par consĂ©quent ĂȘtre libres "Les hommes quand ils disent que telle ou telle action du corps vient de l'Ăąme qui a un empire sur le corps ne savent pas ce qu'ils disent et ne font rien d'autre qu'avouer en un langage spĂ©cieux leur ignorance de la vraie cause d'une action qui n'excite pas en eux d'Ă©tonnement." Ethique, III, 2, scolie. Or les passions, chez Spinoza, commandent et ne laissent de cette libertĂ© de lâĂąme que lâimpression. Ainsi, je nâai pas conscience de lâemprise des passions sur moi, et ne peux donc pas rĂ©ellement prĂ©tendre me connaĂźtre si jâoublie ce paramĂštre. b Husserl, pĂšre de la phĂ©nomĂ©nologie, Ă©nonce un principe fondateur, montrant que toute conscience est conscience de quelque chose ». Pour reprendre lâexemple du miroir, lorsque lâon se regarde dans une glace on se voit, certes, mais câest le miroir que lâon regarde. Les phĂ©nomĂšnes fonctionnent Ă peu prĂšs identiquement, et le phĂ©nomĂšne de la conscience de soi nâĂ©chappe pas Ă ce postulat. Je suis ainsi, par lâidĂ©e mĂȘme de perception des choses, sensiblement Ă©loignĂ© de ce que je suis rĂ©ellement. Conscience de soi et inconscient a Chez Nietzsche, il existe un moi, mais qui est subordonnĂ© au soi il sâagit lĂ dâune critique du cogito sum de Descartes, que le philosophe allemand explique par le fait que la conscience humaine est subordonnĂ©e au dynamisme des instincts. En montrant, de cette façon, la limite du libre-arbitre de lâHomme, Nietzsche rejoint lâidĂ©e de Spinoza, et inaugure la psychanalyse en dissociant un moi organique dâune conscience pleinement Freud et la psychanalyse, enfin, montrent les limites de la connaissance de soi par soi en dĂ©veloppant lâidĂ©e dâun moi conscience entourĂ©e dâun ça, qui symbolise les pulsions primales, et dâun surmoi reprĂ©sentant la pression sociale, Freud montre que lâĂȘtre nâest pas uniquement composĂ© de la partie dont lui-mĂȘme a conscience, Ă lâinstar dâun iceberg qui ne pourrait voir que sa partie Ă©mergĂ©e. Câest cet inconscient qui, sous forme plus ou moins mĂ©taphorique, transparaĂźt par exemple dans nos rĂȘves ou dans les lapsus que nous pouvons ĂȘtre amenĂ©s Ă faire.
Ilfaut d'abord qu'il se produise une modification du moi. Tout phénomÚne est une connaissance. Pour qu'il y ait connaissance, il faut qu'il y ait quelque chose à connaßtre. Ce quelque chose est la modification psychique. C'est là l'objet de la connaissance par la conscience. C'est ce qui correspond à la premiÚre condition de la